Jean-Sébastien Bach a dans le dos une clé en or que je tourne plusieurs fois par jour. [...]. On ne fait pas plus paysan que Bach : toujours le même sillon tracé dans le même champ, les mêmes bottes de lumière portées aux anges de l'étable, et une cantate dorée sur la table de chaque dimanche. [...]
Un grand musicien est quelqu'un qui donne après plusieurs années de travail ce que donne le rossignol au premier jet de son chant.
Il y aura toujours une pluie pour jouer du clavecin ou un merle pour composer une fugue. [p. 19]Ces lignes font écho à d'autres, tirées d'un recueil paru il y a une bonne dizaine d'années Mozart et la pluie :
Pour me détacher du monde, il me suffit de porter mon attention du côté de ce qui résonne - la vérité, la pluie sur le toit d'une voiture, les mots d'amour ou les pianos de Mozart.
Un jour d'été, à Grasse, je marchais dans les rues sous un soleil dément. Je suis passé devant une fenêtre basse, presqu'au niveau du trottoir. Sans ralentir mon pas, j'ai regardé à l'intérieur. Il y avait de l'ombre et un couple en train de s'embrasser. Cette vision a duré deux secondes. Elle m'a rafraîchi pour la semaine. C'est la même image que je surprends chez Mozart : deux notes qui s'embrassent dans la pénombre. J'ai pour le réel une amitié furtive. Je ne vois bien qu'à la dérobée. Qu'il y ait, en cet instant où j'écris, deux personnes qui s'aiment dans une chambre, deux notes qui bavardent en riant, c'est assez pour me rendre la terre habitable.[...]
Ni trop de silence, ni trop peu : le tip-tap des gouttes de pluie sur les feuilles de platane et les cris des hirondelles au ras des partitions de Mozart sont de bons enseignants de la parole juste. [Editions Lettres vives (coll. Entre 4 yeux), pp. 13-15]
cop. Rue du Lavoir
Et moi, quand je lis Bobin, c'est à la musique de chambre de Dvořák que je pense... Reste alors l'étrange mystère des associations et celle des affinités qui perdurent !(Bobin en est une, Dvořák aussi !)
Disponibilité Un assassin blanc comme neige
Disponibilité Mozart et la pluie (réédition Gallimard 2008)
Muriel
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire