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lundi 26 octobre 2015

Centenaire Pierre Wissmer


Cette semaine va être célébré le 100e anniversaire de la naissance de Pierre Wissmer : 
"Auteur de trois opéras, le Genevois n'a délaissé ni la musique de chambre ni le genre symphonique, pas plus que le théâtre musical, les musiques de scène ou les partitions radiophoniques" !
Telles étaient les facettes énoncées dans l'hommage qui lui a été fait dans le Journal de Genève en novembre 1992. Et, les matériels d'orchestre possédés par la bibliothèque témoignent de son activité, et théâtrale et radiophonique.

Par exemple, l'oeuvre d' "Un banquier sans visage, Chronique des temps qui changent" créée au Grand Théâtre en juin 1964, se rapproche davantage du théâtre musical que de l'opéra. Ce fut une commande de l'Etat pour les 150 ans de l'entrée du canton dans la Confédération. Précédemment, la scène du Grand Casino - celle de la Place Neuve est en travaux ! - permit au public genevois de découvrir l'oeuvre lyrique de Pierre Wissmer : 

"Capitaine Bruno" opéra-comique créé en 1956 ou "Marion ou La Belle au Tricorne" en 1952.

Affiche de la bibliothèque répertoriée sous la cote BMU D 2107


On retrouve vingt ans après une partie de cette distribution dans "I Cadieni", théâtre musical commandé par Radio-Genève et créé en 1984. Comme l'indique le livret accompagnant le matériel, "tour à tour la parole et la musique tenteront de faire revivre des personnages et d'évoquer des lieux qui, les uns et les autres, sont certes imaginaires mais cependant vraisemblable".  Si le rôle de narrateur pour la création est tenu par Guy Tréjean, des acteurs genevois lui donnent la réplique : Jean Vigny, Gérard Carrat ou encore Michel Cassagne ! La mise en ondes était assurée par un pilier des émissions radiophoniques en la personne de William Jacques !



 Partition I Cadieni, cote BMU Sor 214

L'Association des amis de Pierre Wissmer sous le nom de L'Action Musicale Pierre Wissmer (AMPW) vous renseignera sur toutes les actualités liées au compositeur genevois : concerts de musique de chambre, enregistrements, ... Le prochain événement est agendé au 1er novembre  dans la Grande Salle du Conservatoire de musique de Genève pour une après-midi "Autour de Pierre Wissmer".

Disponibilité
Muriel


lundi 19 octobre 2015

La chanson qui dérange (1)

"Une chanson, c’est du théâtre, un film, un roman, une idée, un slogan, un acte de foi, une danse, une fête, un deuil, un chant d’amour, une arme de combat, une denrée périssable, une compagnie, un moment de vie. La vie"

Cette citation de Georges Moustaki résume à elle seule la vaste portée de la chanson. Toutes les rengaines racontent la même histoire, celle de la vie et de ses embûches, de l’amour et de la mort.

Dans ce triptyque, qui fut et qui sera toujours, il y a forcément des thèmes plus délicats à aborder, que ce soit par la manière de le faire ou le propos lui-même.

L’époque n’est pas un gage de retenue pour évoquer certains sujets. Les chansons grivoises de la Renaissance sont un reflet fidèle, quoique partiel, de l’atmosphère du moment. La « chanson villaine » est représentative d’une liberté des mœurs assez singulière du 16e s.

En 2008, la Bibliothèque musicale avait exploité cette thématique de La chanson qui dérange en exposant diverses partitions en relation. Elle s'était largement inspirée du livre de Baptiste Vignol : Des chansons pour le dire : une anthologie de la chanson qui trouble et qui dérange (éd. Tournon, 2005) pour les chansons plus récentes.

Voici donc un remake bloguesque en abordant, dans cette première partie, des chansons anciennes gaillardes et grivoises qui nous font (encore) sourire.


Ramonnes moy ma cheminée (Hesdin, Renaissance)



L’équivoque du ramoneur est fréquemment utilisée dans la chanson gaillarde. Il faut aborder cette dernière dans le même esprit qu’à sa naissance, avec ironie et détachement, avec l’humour et la légèreté de gens qui se divertissent à la fin d’un repas ou autour d’un pichet. 

Ramonnes moy ma cheminée
Ramonnes la moy hault et bas.

Une dame la matinee
Ramonnes moy ma cheminée
Disoit de chaleur forcenée,
Mon amy prenons noz esbatz
Ramonnes moy ma cheminée
Ramonnes la moy hault et bas.

Une belle jeune espousée (Janequin, Renaissance)

Les grands noms du 16e siècle de la poésie et de la musique ont illustré et pratiqué la « chanson villaine », à l’instar de Clément Janequin (compositeur et... homme d'église !). En effet, ce siècle connaît une liberté des mœurs assez singulière. Ces chansons sont une restitution vivante de l’atmosphère d’une époque. 

Une belle jeune espousée
Estoit une fois en devis
Avec une vieille rusée,
Et disoit : Dame a vostre advis
Les hommes sont ils si ravis
Quant ils le font et ont ils bien
Autant que nous d’ayse et de bien ?

Je crois si, luy respondit elle
Ils sentent douceur toute telle,
Mais elle passe comme vent.

Je m’esbahis donc, dit la belle
Qu’ils n’y retournent plus souvent.

Les moines de Saint-Bernardin (19e siècle)

Cette chanson dérive d'un chant fort ancien, d'auteur inconnu et mis en musique par Loyset Compère, un ecclésiastique du 15e siècle : Nous sommes de l'ordre de Saint Babouyn. Cet ordre étonnant, dont l'existence est attestée sous Charles VI, était composé de buveurs. 



Les paroles proposées ici en version "soft" sont la reprise du 19e siècle :


Nous sommes les moines de Saint-Bernardin
Qui nous couchons tard et nous levons matin
Pour aller à matines, vider quelques flacons
Voilà c' qu'est bon et bon et bon !

Et voilà la vie, voilà la vie, la vie chérie ah ! ah !
Et voilà la vie que les moines font.

Pour notre dîner de bons petits oiseaux
Que l'on nomme caille bécasse ou perdreau
Et la fine andouillette et la tranch' de jambon
Voilà c' qu'est bon et bon et bon !

Pour notre coucher dans un lit aux draps blancs
Une chaufferette de quinze à seize ans
Tout autour bien faite, bien chaude dans le fond
Voilà c' qu'est bon et bon et bon !

Si c'est là la vie que les moines font
Je me ferai moine avec ma Jeanneton
Qui a de belles tresses et un joli menton
Voilà c' qu'est bon et bon et bon !

Disponibilité
Fabienne

lundi 12 octobre 2015

Kourliandski : Objets impossibles

Dmitri Kourliandski a été lauréat en 2010, entre autres concours, du Gianni Bergamo Classic Music Award de Lugano en Suisse, pour sa Toy symphony : un prix de composition musicale dont le but est de découvrir et d'encourager les jeunes talents (moins de 33 ans) dans le domaine de la musique classique. Après avoir été artiste en résidence à Berlin et à Paris, Dmitri Kourliandsi donne des master-classes à Amsterdam, en France, en Ukraine et en Russie. Son activité de compositeur est foisonnante avec nombre d'oeuvres pour différentes formations musicales, dont déjà trois opéras, et une prédilection pour le mélange des arts: la vidéo, la danse, les performances électroniques "live". 

Il décrit sa musique comme une musique objective : "La conception de la musique comme objet, comme phénomène visuel, s’oppose à une conception romantique caractérisée par l’évolution de la musique dans le temps ..." 
"J’aime les sculptures cinétiques. J’apprécie ce qui semble statique et qui pourtant dans le même temps entraîne une multitude de pensées. Sur le plan formel, mes compositions peuvent s’appréhender comme des mécanismes déclenchés par un bouton d’où la musique fait irruption. Les auditeurs sont invités à apprécier le fonctionnement de la mécanique..." 
(extrait de sa biographie sur le site de son éditeur Jobert)



 
La partition récemment acquise par la bibliothèque de "Objets impossibles 1" illustre bien son langage musical. Elle est écrite pour un ensemble instrumental de 24 interprètes, des vents, cordes et percussions. L'auteur cherche à s'éloigner des sonorités instrumentales traditionnelles ; il utilise pour cela des techniques particulières décrites dans l'introduction, ou en ajoutant des objets, comme ces petits embouts de sifflet à ruban (des jouets!) fixés sur les différents instruments à vents.


Extraits de la partition, cop. Jobert  2010

"Objets impossibles est un cycle de compositions audiovisuelles basé sur un modèle commun d’organisation d’événements dans le temps ...
Dans chaque « objet », le matériau sonore est réduit à la sonorité la plus homogène et la moins contrastée possible. L’ensemble est traité comme un hyper-instrument composite ou comme un objet sonore holistique. Le matériau sonore est analysé et transformé (en temps réel) en un signal vidéo. Mais la vidéo alors générée ne constitue pas un résultat en soi ; elle sert à nouveau de matériau, d’instrument pour les deux vidéo-solistes qui développent leurs parties en parallèle aux musiciens de l’ensemble."  
(extrait du programme du concert de la création de l'oeuvre le 27 novembre 2010)

Cela donne à peu près ceci :




Disponibilité
Tullia

lundi 5 octobre 2015

En coulisses : les affiches (1)

La Bibliothèque nationale suisse héberge la Collection suisse d'affiches
et une grande partie des affiches musicales entr'aperçues dans les rues de Genève sont présentes dans ce catalogue, grâce au travail de récolte des affiches que nous traitons ici à la bibliothèque.

Comment gère-t-on une collection "hors norme" ? 

- Hors norme par son format particulier : la majorité des affiches que nous gardons est d'un format supérieur à 100x70 cm.
- Hors norme également, car les affiches font partie des collections que le jargon professionnel appelle "ephemera". Un ephemera est par nature contradictoire : "d'’une part, alors que l’'écrit se voudrait un rempart contre l’'oubli, l'’éphémère est un document qui, dans sa forme et/ou son contenu, programme son propre oubli".*

Comme on peut le lire ci-dessous "Aujourd'hui jeudi 4 mai 1837" l'affiche de l'époque n'était destinée qu'à quelques heures d'existence, placardée à l'entrée du Théâtre le jour même de la représentation... Durée éphémère, l'affiche est pourtant parvenue jusqu'à nous !

 Théâtre de Neuve

Année après année, les affiches ont été collectées par lots. Les affiches sont roulées afin d'être déplacées, collectées, stockées. La patience est donc de mise : les rouleaux d'affiches parvenus à la bibliothèque sont ouverts, les affiches mises à plat pendant un certain temps avant de pouvoir commencer le traitement de l'affiche proprement dit : catalogage, mise en fourre et stockage dans des meubles à plans.


Etat de la collection avant traitement
cop. Andrea Giovannini

Aujourd'hui, les affiches arrivent par différents biais : dépôt direct, lots d'institutions, à la pièce ! Si vous produisez un concert, pensez à nous faire parvenir une affiche : nous la mettrons au mur dans nos espaces publics avant que l'affiche ne continue sa vie au rayon "archives".

Ce billet sera suivi de deux autres concernant les affiches : l'un concernant le catalogue, l'autre la mise en valeur de cette collection particulière !

* citation de Anne-Laurence Mennessier dont l'étude sur les ephemeras est disponible ici

Muriel