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lundi 24 septembre 2018

Bouvier : Faire de la musique avec cette vie unique

Voyager, écrire, photographier, chercher des images : ces quatre activités varient et se succèdent selon la loi de l'offre et de la demande, et se complètent plutôt qu'elles ne se nuisent.                    - tiré de Petite morale portative
par son ami Jean Mohr

Avant tout, dans le silence, il est encore possible d'entendre le grain de sa voix, un peu traînante, tremblante... J'ai eu la chance de côtoyer Nicolas Bouvier lors d'un séminaire concernant Le Poisson-Scorpion, puis lors d'une rencontre, sur la petite scène du Théâtre du Crève-Coeur à propos de son métier d'iconographe, bel échange d'un soir ! 

Je ne résiste pas à citer le livre de Vahé Godel Faire de la musique avec cette vie unique :
Avoir la chance d'écrire un poème, c'est pouvoir accomplir le geste le plus « salubre » (le mot « salubre » enchante Bouvier comme le mot « fourbu », — la « fourbure » s'opposant à la « salubrité », comme au Poisson le Scorpion...) [...]. Cette révélation du « rien », cette extrême « frugalité » cette marche solitaire, cet « exercice salubre et litanique », ce « peu » mélodique, « exactement timbré », cette « frontière du silence »... grâce à quoi l'on perçoit « une partition plus vaste » : voilà qui peut-être, au coeur même du récit — du journal — éclaire le mieux l'expérience poétique de Nicolas Bouvier. Autrement dit, « c'est une question de rythme qui a beaucoup à voir avec la musique ». 
pp. 39-43 V. Godel cité ci-dessous. Les termes entre «  » sont tirés du Journal d'Aran et d'autres lieux




Depuis mercredi dernier, la Bibliothèque de Genève fête Bouvier en images, les événements sont rassemblés sous le titre de Follement visuel.

L'exposition d'images de Nicolas Bouvier sera visible jusqu'au 24 octobre prochain. D'autres événements auront lieu : soirée consacrée à son métier d'iconographe ou encore l'exposition Le voyage en images, journal photographique de l'Usage du monde dans le Couloir des coups d'oeil. Toute la programmation est détaillée ici :




Afin de prolonger cet hommage, on peut encore citer La dernière douane, poème du recueil Le dehors et le dedans. Ce pme est placé par Bouvier dans l'édition de 1998 après son dernier texte écrit à l'automne 1997 et vient clore le recueil comme un point d'orgue :

La dernière douane

Depuis que le silence
n'est plus le père de la musique
depuis que la parole a fini d'avouer
qu'elle ne nous conduit qu'au silence
les gouttières pleurent
il fait noir et il pleut

Dans l'oubli des noms et des souvenirs
il reste quelque chose à dire
entre cette pluie et Celle qu'on attend
entre le sarcasme et le testament
entre les trois coups de l'horloge
et les deux battements de sang

Mais par où commencer
depuis que le midi du pré
refuse de dire pourquoi
nous ne comprenons la simplicité
que quand le coeur se brise

Genève, avril 1983 

Quelques documents sélectionnés parmi le choix immense des éditions, des articles, des hommages...

Bouvier numérique les ressources de la Bibliothèque de Genève

Disponibilité : Le dedans et le dehors (dans sa version complète)

Disponibilité (L'oreille du voyageur, et notamment Le texte-partition : "Le poisson-scorpion" à l'écoute du "Quatuor en sol mineur" de Claude Debussy par Nadine Laporte.)

Disponibilité (Nicolas Bouvier : Faire un peu de musique avec cette vie unique de Vahé Godel)

Disponibilité Poussières et musiques du monde (CD)

Disponibilité (Nicolas Bouvier : Un galet dans le torrent du monde d'Adrien Pasquali)

Disponibilité (Comment va l'écriture ce matin de Nicolas Bouvier, etc.)

Muriel


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