La musique (classique) n'est pas aussi sérieuse que l'on pense. Dans sa collection de partitions, la bibliothèque regorge de perles humoristiques et musicales. Des musiciens très inspirés, à l'humour léger ou plus décapant, ont osé composer pour instruments non ordinaires, emprunter des paroles comiques ou interpréter librement des classiques du genre. Un florilège :
Instruments atypiques
Les compositeurs ont écrit pour des instruments hors du commun comme le seau d'eau ou le pot de chambre, ou encore la machine à écrire. Le britannique Malcolm Arnold, connu pour sa musique du film Le pont de la rivière Kwai, a composé en 1956 "une grande, grande ouverture" pour... trois aspirateurs, une machine à cirer, quatre fusils et orchestre ! Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Arnold n'a pas dédicacé cette oeuvre à sa femme de ménage mais à l'ancien président américain Hoover, au nom très connoté dans le domaine du nettoyage.
Le rire physiologique
Quant au compositeur grec Georges Aperghis - un des pères fondateurs du théâtre musical - il annonce tout de suite la couleur dans son oeuvre intitulée Le rire physiologique. Cette mélodie-scénographie pour baryton et pianiste non muet est composée en 1982 sur un texte de Raymond Devos. C’est la tragédie musicale d’un pianiste incontinent ne pouvant pas se mettre à rire, qu’un fantaisiste – le baryton – martyrise pour l'inciter à rire après lui.
...Vous savez que physiologiquement le rire résulte de la contraction des muscles du visage ce qui provoque une modification du faciès accompagnée de sons très caractéristiques tels « ha ha ha » ou encore « hi hi hi ».
C’est irrésistible.
Le rire est caractérisé en outre par une respiration saccadée.
Cette respiration s’explique par des convulsions des muscles expirateurs...
Si l’expiration nécessaire ne peut se faire à temps le rire devient douloureux...
D’où les expressions « crever de rire » ou « étouffer de rire ».
D’où aussi « les plus courtes sont les meilleures » car si la plaisanterie dure un peu trop longtemps que se passe-t-il ?
Les muscles abdominaux se contractent d’une façon spasmodique.
Arrêtez ! arrêtez, vous me faites mal au ventre ! D’où parfois la mixion involontaire, c’est-à-dire que le rieur fait pipi dans sa culotte.
C’est le cas de mon pianiste. C’est pourquoi il ne rit pas, il se retient !
N’est-ce pas ? Dites ? Laissez-vous aller un peu à rire pour illustrer ma démonstration...
L’un
est violoniste (Aleksey Igudesman), l’autre pianiste (Hyung-ki Joo). Virtuoses
et désopilants, les deux musiciens classiques renversent les codes du concert
en mêlant humour, théâtre et culture populaire. Leurs performances sont vues
par des millions de spectateurs sur YouTube et ils jouent aussi bien dans les
salles de concerts classiques que dans les stades.
Selon
leurs propres mots : " Le concert classique n'a pas toujours ressemblé à des
funérailles. Haydn et Mozart ont fait de sacrées blagues en musique. Nous, nous
ne sommes pas là pour nous moquer, bien au contraire. On ne se joue pas de la
musique, on joue avec la musique. Que notre humour soit direct ou sophistiqué, que
nos gags touchent à l'absurde ou frisent le mauvais goût, la musique est
toujours au premier plan. En espérant faire rire, ce qui n'est jamais gagné.
Faire rire en ut dièse mineur, ça se travaille. C'est très sérieux."
Igudesman a composé entre autres des duos faciles teintés
d’humour pour jeunes musiciens dont The Catscratchbook, Pigs Can Fly, In the Zoo, ainsi que d'autres pièces plus ou moins "sérieuses" que vous trouverez tous à la bibliothèque afin de vous divertir !
En ce moment, les vitrines de notre bibliothèque proposent une large sélection autour de la thématique.
Fabienne